Un ennemi commun, Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, et « sa » police. Une cible évidente, le commissariat. Tels étaient les points de conjonction, jeudi 29 juin au soir, entre des militants radicaux (anarchistes, écologistes, extrême gauche…) et des groupes venus des différents quartiers de la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis).
A plusieurs reprises, de 200 à 300 jeunes, dans leur écrasante majorité, pour beaucoup cagoulés, armés de bâtons et faisant feu à l’aide de mortiers d’artifice, ont marché de la place de la mairie, où ils étaient rassemblés, vers le commissariat, où étaient retranchés des policiers visiblement en sous-effectif pour faire face à la foule menaçante. Une convergence des rages plus que des luttes. La mort de Nahel M., le jeune de 17 ans tué par la police à Nanterre, mardi 27 juin, est, sans aucun doute, le déclencheur de cette violence collective. Même si, en dernier lieu, certains semblaient plus intéressés par le pillage de magasins de téléphonie, de pharmacie ou de parfumerie que par l’affrontement avec les forces de l’ordre.
En se félicitant sur leur site, mercredi 28 juin, de l’organisation de « plus de 140 rassemblements » contre la dissolution de leur mouvement, Les Soulèvements de la Terre, dissous par le gouvernement une semaine plus tôt, n’avaient pas pu ne pas rendre hommage à Nahel M., mort la veille, et se féliciter des « tentatives de jonction avec le soulèvement de Nanterre ».
« Tous ensemble contre la police »
Dans les faits, des militants de la mouvance radicale étaient bien présents dans les manifestations et lors des affrontements dans de nombreuses villes comme Marseille ou Toulouse… jeudi soir. A Montreuil, ces groupes sont très actifs, notamment autour de squats comme ceux de la Baudrière, qui se définit comme « anarcha-féministe », de la rue Stalingrad, etc.
Un des cadres municipaux qui dit bien connaître cette mouvance montreuilloise confie même que ce serait l’une de ces militantes qui aurait tiré le premier mortier, jeudi soir. De fait, ils étaient nombreux à agir aux côtés des jeunes venus des quartiers, sur la place de la mairie. Habitué à l’affrontement avec les forces de l’ordre, l’un d’entre eux, portant une sorte de bouclier, se faisant appeler « Ludo », insiste sur la nécessité de se battre « tous ensemble contre la police ». Le fait de pouvoir compter sur des centaines de jeunes pressés d’en découdre avec les forces de l’ordre est une bonne opportunité selon lui.
Les différentes composantes de ce mouvement hétéroclite n’étaient pourtant pas d’accord au départ sur la cible principale : commissariat pour les jeunes des quartiers, mairie pour les militants, plus soucieux apparemment de vouloir affronter le pouvoir politique local. L’accord s’est conclu sur le commissariat. Et la mairie, jeudi, n’a essuyé aucun tir de mortier.
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